Sirandanes

Emmanuel Richon


 

Encore des sirandanes

Sirandane

 

Tous les peuples ont leurs devinettes. Mais il y a un peuple qui a su pousser cet art jusqu'à la perfection, jusqu'à la poésie même: c'est le peuple mauricien. En venant de la «grandelette» (Madagascar), d'Afrique, sur les bateaux négriers, les esclaves, tout comme d'ailleurs les marins marqués par le fantastique ou l'univers maritime ont apporté avec eux le goût de l'étrange, le pouvoir de l'imaginaire.

Leur sens de l'humour, leur malice, leur tendresse aussi, ces armes contre le malheur, ils les ont mis au service d'un genre qui est propre à l'univers créole et qu'ils appellent «Sirandanes».

Qu'est-ce que les «Sirandanes»? Ce sont des devinettes qui portent sur la vie quotidienne à Maurice, devinettes qui suivent un ordre presque rituel, que chacun connaît, mais que tout le monde est toujours prêt à entendre.

Sont-elles vraiment des devinettes? Les choses seraient trop simples. Elles sont plutôt des mots-clefs, qui permettent à la mémoire de s'ouvrir et de révéler un trésor caché.

Ces «demoiselles» qui se tiennent la tête en bas au bord du chemin, ou cet animal qui porte un habit mais n'a pas de culotte, dans lesquels tous les enfants de Maurice auront reconnu après réflexion les bananiers et le cancrelat, ne proposent pas vraiment d'énigme. Mais en révélant leur nature étrange et comique, la sirandane les réinvente.

L'univers des sirandanes est un lieu sans frontière, où nul n'est séparé. Les végétaux, les animaux, les hommes et les éléments sont encore très proches les uns des autres, comme au premier moment de la création.

Il y a ici, sous l'apparence rassurante d'un jeu, une sagesse ancienne, nourrie par les racines d'un peuple tout entier. Les sirandanes ne sont pas là seulement pour nous faire rire, pour nous distraire. Elles ont joué, et elles continuent de jouer un rôle important en enseignant à mieux connaître les êtres et le monde, à mieux se connaître, à garder son optimisme, même dans les temps margozes, les temps amers de la misère ou de l'esclavage. Combien de temps encore entendrons-nous les proverbes, les sirandanes, pourtant aussi liées à la culture mauricienne que le séga qui s'en est d'ailleurs inspiré largement.

On ne fait plus de sirandanes, ce passe-temps des vieux âges a presque disparu, les veillées ont été remplacées par la télévision, les enfants eux-mêmes ne s'intéressent plus guère à leurs grands-parents.

Sirandane

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