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J-M Labour:
"Le peuple d'Agaléga est victime d'un véritable génocide!"

OPINION
Discriminasyon ou Kominalis

Agalega
Agaléga, carte postale. Source CFIR

Le vicaire général et responsable du dossier d'Agaléga auprès de l'Evêché, le père Jean-Maurice Labour, n'a pas mâché ses mots, ce matin, lors d'une rencontre avec la presse au Centre social Marie-Reine-de-la-Paix, pour dénoncer les conditions de vie des Agaléens, estimant que ces derniers sont victimes d'un "véritable génocide".

Le président de l'association Les Amis d'Agaléga, Laval Soopramanien, a, pour sa part, annoncé la création d'une association, Federasyon Pep de Zil, pour mieux faire entendre les doléances des îlois d'Agaléga, des Chagos et de Rodrigues. "C'est à un véritable génocide que nous assistons, c'est-à-dire à la disparition de tout un peuple", s'est écrié Jean-Maurice Labour, dénonçant les conditions de vie des habitants d'Agaléga. "Les Agaléens sont aujourd'hui les oubliés de la République de Maurice", a-t-il soutenu. "Notre république est en train de faire envers le peuple d'Agaléga exactement la même chose que nous reprochons aux Britanniques d'avoir fait aux Chagossiens 40 ans de cela", a-t-il fait remarquer.

De même que le Vatican a été informé du drame des Chagossiens, le Saint-Siège le sera à propos de la situation des Agaléens, a ajouté Jean-Maurice Labour. Il avait, à ses côtés, Olivier Bancoult et Laval Soopramanien, respectivement président du Groupe Réfugiés Chagos et de l'association Les Amis d'Agaléga.

"Les habitants d'Agaléga paient un prix trop fort, à travers notamment le déchirement de leurs familles, à la République de Maurice", a poursuivi Jean-Maurice Labour. "Si l'on maintient à Agaléga un group de 300 Mauriciens, c'est bien pour que la République puisse bénéficier d'une zone économique beaucoup plus large qu'elle n'aurait pu revendiquer autrement", a-t-il expliqué. "Est-ce normal que les Agaléens n'aient pas de contrat de bail pour le terrain où ils sont nés, qu'ils ne puissent avoir à manger pour la Noël, que leurs enfants ne puissent retourner dans leur île pour les vacances scolaires ?" s'est-il demandé.

Il a fait observer que les Agaléens doivent toujours avoir recours à des manifestations pour faire respecter leurs droits en tant que citoyens de la République, mais que la situation retourne toujours à la case départ après.

"Voilà à quoi se résume la gestion de cette île par la Outer Islands Development Corporation!" s'est indigné le vicaire général.

Jean-Maurice Labour a assuré les habitants d'Agaléga de tout son soutien personnel pour faire entendre leurs voix à travers la nouvelle fédération.

"Depi ki mo konn Agaléga sitiasyon pa finn ameliore. Mo senti nou bizin krie nou soufrans, a-t-il lancé.

Olivier Bancoult, de son côté, a élaboré sur la nécessité pour les habitants des îles de se regrouper.

"Nou, abitan Chagos, Agaléga, Rodrigues, nou pe sibir mem soufrans!" a-t-il avancé. "Nou pe gagn mem problem ek nou demann nou si nou partie intégrante de la République de Maurice ou pas", s'est-il interrogé.

Le président du Groupe Réfugiés Chagos a révélé qu'il y a 35 familles originaires des Chagos à Agaléga.

"C'est pour cela que nous ne pouvons rester les bras croisés et être indifférents à ce qu'endurent ceux habitant Agaléga", a-t-il ajouté.

Evoquant les problèmes des Agaléens, Olivier Bancoult a tenu pour responsables les fonctionnaires de l'OIDC.

"Zot pa pe asim zot responsabilite", a-t-il lancé. "Eski parski Agaléens viv lor lil ki zot bizin sibir sa?" s'est-il demandé en se référant à l'impossibilité des collégiens d'Agaléga étudiant à Maurice de retourner dans leur île pour les vacances scolaires.

"Lezot gagn terin Agaléga pou plant zonyon, ek sekter prive gagn par arpan pou fer lotel, me Agaléen ki finn ne laba pa gagn kontra bail", a-t-il fait remarquer.

Laval Soopramanien a, pour sa part, évoqué les divers problèmes des Agaléens dans leur île. Pas de travail permanent, victimisation de la part de l'administration, absence d'infrastructures sportives et sociales, manque de vivres dans la boutique de l'île, impossibilités pour les jeunes écoliers de retrouver leurs parents pendant les vacances scolaires et manque de personnel de soutien dans l'île. Lui non plus ne s'est pas montré tendre envers l'OIDC.

"22 anploye OIDC pe tenir an otaz 300 abitan Agaléga, ek zot pe devor 50% bidze alwe pou li", a-t-il déclaré.

Il a réclamé, par conséquent, une révision de la gestion de l'île par l'OIDC.

Jean-Maurice Labour
Père Jean-Maurice Labour

OPINION : Discriminasyon ou Kominalis

A pen mo fini poste mo lartik “The Mauritian Labour Party and the Mauritian hegemony” ki mo trouv dan zournal “Le Mauricien” declarasyon Per Jean Maurice Labour lor sitiasyon ban kamarad Agalega. Li pas sirpran mwan ki Navin Ramgoolam ek so bann minis byen fer fout avek bann Agalicien parey koma so papa ti van Diego ek tret bann Diegocien koman licien. Mo pas sirpris akoz mo kon zot mentalite, tel per tel fils, ek osi parceki ban Rodrige, Agalicien ek Diegosien se enn bann Kreole ek li pa intersese ek zot. Koma Pere Labour pe dir se ki interes gouvernman Moris se so zone econimik marin, pou ki li paret koman enn hegemon dan losean Indien, pou ki li deklar mari ek le zot, et fer santaz avek bann puisans etranger. Ka diego li tipic largant fin cirkiler enba la tab ou byen li ti enn prix pou payer en en esanz lindepedans ki SSR oule a tou prix. Nou tou kone ki miser ban kamarad Diego fin pase, pa ti enan oken konsiderasyion pou zot koman enn hunin, zet zot lor ke dan Port Louis, enn bann dan sesel, deracin zot san ki zot enen en mot pou dir. Kamard Cassam Uteem fin denons sa problem la dan TV ki fin pase a travers le monde.

Nou salie la lit kamarad Bancoult ki fin all zis ka la cour Strasbourg pou fer le poin, dan sa mem optik le mond entier fin kone ki kalite bebet SSR ek so ban komplis ete. Se enn ban sovaz ki fin touzour maltret bann Kreole, sitou bann ti Kreol Creole ek en mem tan servi zot, mont dadak lor zot pou gaga povoir politik.

Koman kamarad Olivier Bancoult pe dir li important pou bann habitant ban zil Kreol regroupe, li vre kan li dir "Nou, abitan Chagos, Agaléga, Rodrigues, nou pe sibir mem soufrans!» bizin marie pike pou are Ramagooalm, li dangere, nou bizin aret so lelan ek denons so larogans ek so politik discrimiatwar enver ban kreole ek so politik kominalis. Nou pou bizin leve tou ensam koman enn Tsunami ek fer li Kompran enkor enn fwa. Osi koman Pere Souchon ti dir la derneer fwa «Pa Blye Kaya.»

soley

Jean-Maurice Labour a Week-end:

"Oui, les Agaléens sont menacés de génocide!"

Jean-Maurice Labour, Vicaire général du diocèse de Port-Louis, persiste et signe la déclaration qui avait suscité pas mal de remous: les Agaléens sont menacés de génocide. Il précise le fond de sa pensée dans cette brève interview, réalisée jeudi dernier .

Vous avez utilisé un terme extrêmement fort pour qualifier la situation à Agaléga, Monsieur le Vicaire Général: "un génocide". Qui, selon vous, est en train d'organiser le génocide des habitants d'Agaléga?

Je prétends que le prix payé à la République de Maurice par les Agaléens est tellement fort qu'il s'apparente à une mort lente de ce peuple, à un génocide. La République de Maurice est en train de faire avec les Agaléens ce qu'elle reproche à la colonie britannique d'avoir fait avec les Chagossiens. Les conditions dans lesquelles vivent les Agaléens et l'éducation donnée à leurs enfants sont en train de pousser ce peuple vers une disparition lente.

Commençons par l'éducation. De 2002 à 2004, le taux d'échec des enfants agaléens au CPE n'a fait qu'augmenter. En 2002, le taux de réussite était de 4 sur 9, en 2003 de 7 sur 15 et en 2004 de 2 sur 11. Le problème est également au niveau des enseignants, qui changent fréquemment et qui doivent faire simultanément des cours pour trois classes différentes réunies dans une même salle. Ceux qui réussissent tant bien que mal sont obligés de venir faire le secondaire à Maurice dans des conditions plus que déplorables: ils n'ont pas d'encadrement, sont éloignés de leurs parents et s'adaptent difficilement au système et sont complètement perdus. Cela aboutit souvent à un abandon des études secondaires.

Quelle est selon vous la raison fondamentale de ce que vous appelez le "génocide" des Agaléens ?

Je vous dis franchement mon sentiment. Je pense que si les Agaléens étaient des Mauriciens d'une autre origine au lieu d'être des Mauriciens d'origine africaine, cette situation n'aurait pas existé. Je sens de plus en plus une espèce de négligence, pour ne pas dire autre chose, vis-à-vis des Mauriciens d'origine africaine que nous appelons les Créoles. L'utilisation du terme génocide qui vous choque vient de ce sentiment que j'entends de plus en plus souvent exprimer par ceux qui le subissent.

Je constate l'existence de ce qu'il faut appeler un communalisme scientifique non seulement à Agaléga, mais également à Rodrigues et à Maurice. Ce phénomène a poussé à la création récente d'une fédération pour défendre les droits des Chagossiens, des Agaléens et des Rodriguais. Je peux vous dire que plusieurs organismes gouvernementaux se sont penchés sur les problèmes d'Agaléga cette année. J'ai participé à ces travaux dont les conclusions n'ont jamais abouti à une politique plus sérieuse et plus aboutie pour Agaléga. J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi .

3.12.2005

Agalega

Viré monté