2003-2004 : 150 ans de présence indienne
en Guadeloupe et en Martinique.
 

 
Cérémonie «Allumer la Lampe»
 
Lampe Lakshmi
Lampe Lakshmi, Inde du sud,
18è siécle. Source.
Discours prononcé par Ernest Moutoussamy, maire de Saint-François, le 23 Janvier 2004 en présence de Madame Savitri Kunadi, ambassadeur de la République Indienne à Paris, et de plusieurs milliers de personnes.
 

Excellence,
Madame l’Ambassadeur de l’Inde en France,

Cette cérémonie « Allumer la Lampe » par les composantes de la population guadeloupéenne nous rassemble ce soir pour partager les valeurs fondamentales de notre société démocratique. Aussi dans l’esprit qui anime cette manifestation, citerai-je le Mahatma GANDHI : « Pour aller de l’avant, disait-il il ne faut pas refaire l’histoire, mais innover. Nous devons ajouter quelque chose à l’héritage de nos ancêtres. »

Nous sommes ainsi les héritiers de tous ceux qui sont morts pour l’homme, pour la liberté et pour la Guadeloupe. Les sacrifices des nègres marrons, de Delgrès, de Solitude, d’Ignace, le combat de Victor Schoelcher, la résistance des engagés indiens, la lutte d’Henry Sidambarom, l’exemple de Caroupin Ramsamy –autant de lampes allumées au cours des siècles passés- doivent continuer à éclairer notre route. Le devoir d’honneur, de fidélité à la mémoire, nous appelle à porter de plus en plus en haut dans notre cœur, dans notre conscience, dans la paix, la fraternité, le progrès et la dignité, notre Guadeloupe irriguée du sang de ces héros et ruisselante de la rosée de nos matins d’espérance.

La lampe allumée ce soir à l’occasion de la célébration du 150ème anniversaire de l’arrivée des Premiers Indiens en Guadeloupe, message du « YO TE POU NOU SE », symbolise la richesse de nos diversités d’origines et de cultures. Elle symbolise cette Guadeloupe que nous aimons avec nos qualités et nos défauts, cette Guadeloupe forte au cœur de nos différences, cette Guadeloupe dont l’histoire recèle l’exigence de la lumière, cette Guadeloupe, notre terre de rencontre et de partage que nous portons sur la route du monde avec l’espoir de la faire toujours briller dans la flamme de nos idéaux. Cette lampe allumée pour chasser l’obscurantisme et nous guérir de la plaie hideuse de tous les fléaux et de toutes les injustices, doit nourrir en chacun d’entre nous la force et la fierté d’être toujours debout et responsable sous le regard de nos ancêtres.

Mesdames, Messieurs
Chers Frères, Chères Sœurs,

Avec cette lampe allumée et remise en nos mains par nos enfants, n’oublions jamais que la terre guadeloupéenne est pétrie des larmes et du sang d’hommes et de femmes arrachés ou venus de quatre continents. N’oublions jamais qu’ils ont fécondé notre histoire avec leur âme pour nous aider à bâtir dignement et fraternellement notre pays.

Ensemble dédions cette lampe à l’avenir, mais aussi à Solitude, à Delgrès, à Schoelcher, à Shandélia. Ils sont là ce soir avec nous, pour apprécier cette lumière aux couleurs de sang-mêlé.

Solitude ma sœur ! L’image du 29 Novembre 1802, ce jour ou livrée au gibet, sur la place publique couverte du linceul de ton corps, des ruisseaux de larmes s’échappèrent de tes yeux pour baigner tes seins de lune et d’espoir, est gravée dans cette flamme.

Delgrès mon frère ! Cette lampe porte les étincelle de l’explosion par laquelle tu fracassas les ténèbres de la tyrannie au Matouba. Ton message adressé à la postérité s’élève cette nuit plus incandescent que les étoiles et inonde notre paysage d’immortalité.

Honorable Victor Schoelcher ! Vous avez mis toute votre ardeur républicaine au service de la cause de l’abolition et le décret du 27 Avril 1848 considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine porte votre empreinte. Vous êtes, vous aussi présent parmi nous et dans nos pensées.

Shandélia ma mère ! Fille de Pondichéry, tu offris à la Guadeloupe le sari de l’Inde et la parfuma de ton massalè pour naître et renaître dans ses savanes et ses champ de canne à sucre. Tu chéris ton pays d’adoption sans jamais le quitter, même si, sur ton lit de mort tu laissas tomber ces mots « Je ne veux pas aller au ciel, je veux retourner à Pondichéry ».

Excellence, Madame Savitri KUNADI,

Par l’évocation de ces personnalités inscrites dans notre histoire, nous vous avons présenté notre Guadeloupe.

C’est cette Guadeloupe, pluriethnique et multiculturelle qui célèbre le 150ème anniversaire de l’arrivée des Indiens. En son nom, je vous salue très respectueusement et vous dis combien nous sommes honorés par votre présence. Vous avez bien voulu venir partager avec nous ces instants chargés d’émotion, de souvenirs et de fraternité, nous vous exprimons notre reconnaissance et vous prions de transmettre à la République de l’Inde et à son gouvernement nos plus chaleureux remerciements, notamment pour la statue de Gandhi.

Mesdames, Messieurs,

Que la lampe allumée par les composantes de notre population éclaire l’avenir de notre pays et le chemin de notre peuple dans les sillons de la vie et dans le feuillage des ans !

Merci à tous !

Ernest MOUTOUSSAMY.

MESSAGE DU 23 JANVIER 2004

Diya Diya Diya

 
Section 2004 : Commémoration des 150 ans de présence indienne.
 
 
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