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Max Charlier, l’admirable prosateur

Saint-John KAUSS

Max Charlier naquit à Port-au-Prince le 1e juillet 1949. N’a pas eu le temps de publier Mes Sages aux dés que j’ai criés (poésie) et L’honorable indicateur (récit). Décès tragique à Montréal le jeudi 6 octobre 2011, à l’âge de 62 ans.

L’été sucré

l’été fut étranger cette année-là                       les nuages mauves et roses recouvraient une terre mordorée                        
pour aller en pique-nique           il fallait se munir de parapluies phosphorescents
v                        eliva
vélina
malgré les ballons verts rouges et blancs                        le grand boa noir n’arrivait pas à digérer les bombes sucrées disposées par les géants sur les hauts-plateaux
éliva découvrait les problèmes de l’alphabet
bientôt ce serait l’heure de partir et que l’étoile se couche
si la nuit apportait un jeu nouveau ying-yang d’ennui
ou bien un air ordinaire d’ylang-ylang acier
les feuilles en se frottant au vent poussaient des cris d’égoïne
qui rendaient plus stridente l’absence de la plus petite tablette
d’Elima
bientôt l’heure de partir et que l’étoile se couche
l’été fut copieusement étranger cette année-là             des brouillards
de laine mauve et d’étoupe couperosée                   suaires détrempés de
la terre morte dorée
les cercles de ses iris me faisaient face et les feux d’huiles brumes
y dansaient
autour des lassos silencieux
bientôt l’heure de partir et que l’étoile se couche
feux d’huile brune enlacés
au bout de SOI                la mort
plus assise qu’une armée de Boudhas
faisait l’heure

 

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 Viré monté