l'eau

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kelita
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l'eau

Message par kelita »

Depuis plusieurs années, secs sont les robinets, vides sont les citernes. Il n’y a que les camions d’eau qui circulent dans tous les quartiers, alimentant d’eau les maisons dont les propriétaires ont fait fouiller soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs cours, un bassin mesurant des dizaines de pieds, dans lequel les chauffeurs de ces camions, à l’aide d’un long tuyau en toile attaché au réservoir de ces véhicules, remplissent d’eau ces bassins. Mais, quelle eau ? Une eau salée, imbuvable !

Les gens l’achètent en des endroits : Plus de 1500 gourdes le camion ; en d’autres lieux, c’est plus cher, plus de 5000 gourdes, pour en retour la revendre 5 gourdes le seau, ou deux seaux pour le même montant : que l’on considère pas cher ! Ou encore dans les zones les plus reculées de la capitale : deux seaux pour 25 gourdes, 10 gourdes ou 20 gourdes le seau, une catastrophe ! Que dire de l’eau traitée qu’on recommande aux gens d’utiliser depuis le 12 janvier et même pour le cholera : 5 gourdes le gallon et 25 gourdes le 5 gallons, cela ne suffit pas pour toute la maisonnée, et la soif persiste. L’eau se fait chez nous très très rare depuis un certain temps, et encore plus maintenant, nous qui en un temps, en avions à profusion !

Cette eau salée que personne ne peut boire, les gens l’utilisent ; pas de bon cœur, pour exécuter les taches ménagères ; impossible de s’en prendre avec du savon ; pour la lessive, un gaspillage ! Autant pour la toilette, le bain. Sur la peau non encore séchée, est tachée une couche blanche. Il faut de l’eau, beaucoup d’eau pour bien se rincer. Les gens se plaignent, babillent, soupirent, désespèrent. Où est donc passé l’eau ? La bonne eau ; celle qu’on peut boire, celle dont on peut s’en servir avec succès !

Nous entendons dire qu’elle est transportée dans des bateaux vers d’autres pays, si c’est le cas, pourquoi ? Nous entendons aussi dire que la DINEPA serait en train de faire des travaux, remplacer certains tuyaux. Nous entendons aussi, dans un spot a la radio, que des actes de sabotages ont été enregistres dans des réservoirs alimentant une grande partie de la zone métropolitaine situés à carrefour, et cette compagnie chargée de distribuer l’eau est en train de faire des travaux de réparation. Si c’est vrai, pour combien de temps ? Combien de temps va durer notre soif d’eau ? Combien de temps allons-nous vivre ainsi, sans cette eau qui est la vie ?

Dès que dans le ciel des nuages gris se rassemblent, les gens se préparent, sous les gouttières à placer leurs seaux pour ramasser de l’eau. Les yeux constamment rivés vers le ciel, du soir au matin, ils sont en quête de voir tomber sur le sol une goutte de pluie qui viendrait leur soulager leur soif. Cette manne tant convoitée, souvent ne tombe pas ! Les gens l’espèrent pourtant en cette saison cyclonique, elle leur serait malgré vents et marées, d’un grand secours et les aiderait à combattre cette chaleur presqu’insupportable de l’été qui devient plus harassante que jamais et incite en eux la soif de boire beaucoup d’eau !

De l’eau, ils nous en manque énormément, nous en avons grandement soif ! Pourquoi donc la confisquer dans des bidons, des sachets ? Pourquoi la tenir prisonnière dans ces camions dépourvus de toutes normes hygiéniques, qui circulent du matin au soir, vendant à des prix exorbitants cette eau fade, salée, qui rend malade, qui tue ! Un comprimé d’Aquatable pour certaines, à peine buvable.

L’eau est faite pour s’écouler dans sa source, sa rivière, son lac, son ruisseau. Elle déborde des affluents, des torrents. Elle se déverse avec puissance dans sa chute et jusqu’au confin de la terre, Dieu l’a créée, l’installe en tous points, en tout lieu, dans tous les continents, sous tous les noms. De partout, elle jaillit en son débit, claire, cristallisante, coulante, délicieuse ; libre de circuler, libre aussi aux hommes de la boire, sans interdictions, sans taxation. Cette boisson indispensable a la vie, au besoin de l’homme et de l’humanité toute entière ; autant qu’il ne faut pas la gaspiller, autant aussi il ne faut pas la privatiser ! Car c’est un bien commun à tous !

L’eau c’est de l’or ! Et plus encore aujourd’hui en Haïti dans divers endroits, dans divers quartiers, c’est a peine si l’on en trouve à boire, c’est a peine si celle qu’on trouve peut être bu pour le prix qu’elle coûte. De l’argent pour en acheter, il y en a plus d’un qui, faute de moyens ne peuvent se la procurer. Et la soif, la faim, la misère, le désespoir les entraine dans l’eau boueuse, puante du tombeau. Sans eau allons-nous avoir la force de lutter ? Sans eau allons-nous tenir jusqu'à l’aube. De l’eau pour se laver. De l’eau à boire ! Nous en avons soif ! Alors rendez-nous notre eau !
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