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Art Public, une collection d’art contemporain en Guadeloupe

Coédité avec l’association Art Public,
qui constitue un fonds d’art contemporain en Guadeloupe.

Art public

Art Public, une collection d’art contemporain en Guadeloupe • Novembre 2010 • Éd. Flammarion • EAN 9782081245044 • 35,00 €.

Cet ouvrage présente le premier volet de la collection constituée par Art Public entre 2003 et 2009. Elle rassemble 46 œuvres de 16 artistes, Thierry Alet, Ano, Pierre Chadru, Léa de Saint Julien, Hébert Edau, Daniel Goudrouffe, Jean-Marc Hunt, Thierry Lima, Marie-José Limouza, Jean-François Manicom, Antoine Nabajoth, Joël Nankin, Bruno Pédurand, Marielle Plaisir, Alain Salevor et Stonko Lewest.

L’association est née du constat de l’absence totale de lieux de diffusion de l’art contemporain en Guadeloupe.

«… Cette collection rassemble 16 artistes parmi les plus significatifs de Guadeloupe … Depuis quelques années des monographies, des anthologies, des essais sont publiés sur l’art antillais. Cette publication, dont Art Public est à l’initiative, apporte à son tour sa contribution à un nécessaire travail d’information et de diffusion pour faire connaître l’art de Guadeloupe à un large public à la fois aux Antilles et au-delà.» Dominique Berthet «Les défis d’une collection»

«… Le projet d’Art Public suit la trajectoire d’un projet de collection nationale … le public de cette collection pourrait-être aussi bien caribéen qu’européen … Les frontières de la Guadeloupe restent fluides et ouvertes à l’expansion.» Naomi Beckwith «A family affair».

Dix auteurs proposent des lectures critiques des œuvres, Johanna Auguiac Célénice, Christian Bracy, Cécile Godefroy, Nathalie Hainaut, Frédéric Leval, Isabelle Renard et Michèle-Baj Strobel, dont trois qui donnent un regard sur l’ensemble de la collection, Naomi Beckwith, Dominique Berthet et Yolanda Wood.

L’ouvrage est trilingue (écrit en langues française, anglaise et espagnole) et destiné à une diffusion en France, en Europe, en Amérique latine et dans la Caraïbe, au Canada et en Afrique.

Dominique Berthet est Docteur en Esthétique, Sciences de l’Art et en Philosophie. Maître de Conférences à l’IUFM de Martinique. Critique d’art membre de l’AICA. Fondateur et directeur du Centre d’Études et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques ainsi que de la revue Recherches en Esthétique. Fort de France, Martinique.

Naomi Beckwith est conservatrice adjointe au Studio Museum de Harlem, spécialiste de la question des identités dans l’art contemporain. New York, États-Unis.

Yolanda Wood est critique d’art, professeur au Département d’Histoire de l’Art de l’Université de La Havane. Elle a participé à de nombreux colloques nationaux et internationaux; parmi ses publications les plus importantes on peut citer L’Art de la Caraïbe (Fondation Culture Création, 2000).

Contact Skira Flammarion:  Béatrice Mocquard : 01 40 51 31 35 - Assist. : 01 40 51 34 14 / 31 48 
Contact Art Public: Zoé Durel Chargée de mission 05 90 91 64 72 et 06 90 34 66 19

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Exraits de l'ouvrage

Pages 41-45

Art public

«Lélévation 045–061» , série de trois sculptures, technique mixte, huile, papier frit, cuivre, cube en altuglass 10 x 10 x 10 cm/mixed media, oil, paper frit, copper, a ltuglass cube/ técnica mixta, óleo, papel frito, cobre, cubo de Altuglas®, pied lumière en altuglass 20 x 2 x 100 cm/altuglass light base 20 x 2 x 100 cm/pie de lámpara en Altuglas® 20 x 2 x 100 cm, 2005.

Art public

Art public

Par Johanna Auguiac-Célénice

«Lélévation 045–061»

Sur la table basse sculptée en bois de Mahogany, un objet captive mon regard – cet objet, je l’ai souvent coudoyé au cours de mon enfance dans les demeures antillaises. C’est un fouet tiré d’une branche d’arbre à trois ou plusieurs «doigts»; cet étrange instrument aviva les pupilles et toutes les connexions possibles d’Ano, qui en fit l’apogée de diverses formes poétiques. Le «lélé» refit surface dans l’imaginaire d’Ano. C’est ainsi qu’Ano s’adonna à une série intitulée «Lélévation 045–061» et nous dévoila ses talents de cuisinier des matières en apesanteur…

Dans la série «Lélévation 045–061», Ano s’empare d’un néologisme. En effet, «Lélévation» commence par «Lélé», qui est donc dans la culture créole cette sorte de spatule à plusieurs branches utilisée pour mélanger les liquides, et se termine par «élévation», qui, au sens figuré, n’est autre que la grandeur d’âme. Ano est un enchanteur des mélanges les trois pièces de la série «Lélévation 045–061 » sont la rencontre du cuivre, de l’huile, du papier frit et de l’altuglass.

«Lélévation» est l’imbrication de racines de mots tout comme celle des matériaux et des espaces.

Imaginez un espace noir dans lequel vous n’apercevez presque rien… et subitement, comme par enchantement, des objets – des sortes de colonnes – envahissent le lieu avec une lumière qui leur procure une consistance. Ces colonnes sont des volumes en trois dimensions aux matériaux et couleurs industriels. « Comme Acier inoxydable (1965) de Donald Judd, ce sont des entités tautologiquement réduites à la matière et au volume pur, qui ne proposent ni temps ni espace au–delà d’elles–mêmes » (Ghislain Mollet–Viéville). Ano a, à sa façon, absorbé cet « objet spécifique » dans une partie de son travail et poursuit sa quête en ajoutant à cette forme minimaliste de 1 mètre de haut, transparente, une autre forme à effets anthropomorphes.
C’est à cette conjonction qu’Ano devient réversible.

Entre la qualité essentielle des formes géométriques, Ano insère la notion d’éléments organiques.

Au–dessus des colonnes est intégré un cube une multitude de choses. Un dessin ou une peinture réaliste de petit format, tendu à une armature en cuivre, est confiné dans ce petit cube transparent et flotte dans de l’huile de cuisine. Nous sommes confrontés à des «êtres» matériels, aux définitions morphologiques, matériologiques et volumétriques.

Ano alloue autant d’importance aux modalités de la conception de l’œuvre d’art qu’à sa matérialisation.

Dans son catalogue «Lélévation 045–061», il jouit des mots, de l’humour, et utilise des textes–légendes associés à des photos ou à des schémas dont le but consiste à «interroger la nature de l’art en présentant de nouvelles propositions quant à la nature de l’art» (Joseph Kosuth).

L’œuvre évolue en une enquête systématique sur l’art lui–même, sa définition et sa fonction.

Nous sommes donc dans une promotion du «figuré» sur le «figurant» au sens sémiologique du terme.

«Lélévation» nous transporte dans une dimension intemporelle, où ces colonnes carrées baignées de lumière de couleurs différentes – rose, bleu, rouge, vert... – jaillissent du sol comme des laves d’un volcan imaginaire. Le spectateur avance dans le noir en tâtonnant. Il devient alors une interface privilégiée et vit une expérience de l’enfermement.

Il s’approche de l’objet, caressant la vision d’un monde fantastique, se baisse afin de saisir l’histoire qui se déroule sur la surface plane.

Il décortique ce qui se prête sous ses yeux en chuchotant afin de ne pas briser le silence quasi sacré qui règne dans cet espace.

C’est peut–être là que se trouve, dans ce confinement, la cristallisation d’un objet précieux… des reliques modernes: «Malgré moi je traîne la polysémie comme un bœuf  tirant sa charrette» (Ano).

Pages 60-61

Art public

Jaoa, photographie argentique encollée sur plaque de métal/silver-base photographs pasted onto a metal plate /fotografía analógica pegada en una placa de metal, 160 x 120 cm, 1999. Par Léa de Saint Julien.

 

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 Viré monté