La langue d'enseignement :
facteur de pauvreté parmi les populations autochtones

  Département de l'Information des Nations Unies
Mai 2005
 

Éduquer les enfants des groupes minoritaires, autochtones ou tribaux, uniquement dans la langue de la culture dominante plutôt que dans leur langue maternelle, a effectivement pour conséquence de perpétuer la pauvreté, indique un document soumis à la quatrième session de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones.

Sur la base de recherches importantes effectuées pendant de nombreuses années, les auteurs de ce document - anciens membres et membres en exercice de l'Instance permanente travaillant en collaboration avec deux experts extérieurs - y font une recommandation, qui sera examinée par l'Instance, à savoir que pour parvenir à une véritable alphabétisation et instaurer un apprentissage généralement efficace, l'enseignement bilingue, essentiellement dans la langue maternelle, est supérieur à toute autre forme d'éducation pour les enfants et les jeunes des populations autochtones. Ils laissent également entendre que ceci est essentiel à la réalisation de l'objectif du Millénaire pour le développement relatif à un enseignement primaire universel, ce qui est crucial pour éradiquer l'extrême pauvreté et la faim, premier objectif.

Citant de récentes études portant sur les enfants autochtones et les enfants des immigrants et des minorités ethniques, le document fait valoir que le modèle le plus réussi d'enseignement est l'éducation bilingue où, au cours des premières années, l'enseignement se fait dans la langue maternelle tandis que la langue dominante est enseignée comme seconde langue, et, quelques années plus tard, l'enseignement se fait principalement dans la seconde langue, dominante, en s'appuyant de manière continue sur la langue maternelle. Ce n'est pas là le modèle d'enseignement le plus fréquemment utilisé aujourd'hui.

Les conséquences inattendues des programmes d'immersion

Les auteurs du document font remarquer que nombre de parents issus des groupes minoritaires ou des milieux d'immigrants, en particulier en Afrique et en Asie, considèrent que la pratique courante de la langue dominante est la principale condition préalable à la réussite de leurs enfants dans le monde. C'est pourquoi ils choisissent de les éduquer dans la langue dominante aussi rapide-ment que possible. Après tout, ne dit-on pas que la meilleure façond'apprendre une langue, c'est de s'y immerger dès le plus jeune âge? Lorsque des enfants ayant suivi ce modèle d'enseignement se retrouvent en situation d'échec scolaire, on en incombe générale-ment la faute à d'autres facteurs: un trait de caractère propre à l'enfant, un facteur dans son environnement, une faille dans son intelligence ou sa diligence qui serait à l'origine de son échec.

Aujourd'hui, la plupart des enfants autochtones reçoivent un enseignement exclusivement dans la langue dominante ou nationale. Encore une fois, on impute leur niveau élevé d'échec et d'abandon scolaires à d'autres facteurs - manque de capacités naturelles résultant d'un milieu social» ou d'un environnement familial défavorisés, ou de facteurs psychologiques.

De récentes études portant sur les enfants de minorités autochtones ou d'immigrants ont amené les experts à tirer une conclusion bien différente: l'enseignement par immersion dans la langue dominante entraine les plus mauvais résultats sur le plan éducatif, tant au niveau académique que linguistique, et mène sou-vent à l'échec. Selon les experts, éduquer les enfants dans la langue dominante plutôt que dans leur langue maternelle a pour effet de perpétuer la pauvreté.

Un enseignement bilingue axé sur la langue maternelle: la base d'un succès à long terme

Le document cite de nombreuses études, de portées plus ou moins grandes, faites parmi des enfants de populations autochtones, de minorités ethniques ou d'immigrants en faveur de cette hypothèse. Pour généraliser leurs résultats, ces études ont comparé des enfants appartenant à trois catégories différentes :

  • Des enfants recevant un enseignement dans la langue dominante par immersion;
  • Des enfants éduqués essentiellement dans leur langue maternelle pendant quelques années, pendant qu'ils apprennent la langue dominante comme langue seconde avant de passer assez rapidement à un enseignement dans la langue dominante tout en bénéficiant d'un soutien continu dans la langue maternelle (sortie rapide);
  • Des enfants éduqués essentiellement dans leur langue maternelle durant une période plus longue pendant qu'ils apprennent la langue dominante comme langue seconde avant de passer plus tardivement à un enseignement dans la langue dominante tout en bénéficiant d'un soutien continu dans la langue mater nelle (sortie tardive).

En réponse à la question, «Quels sont les enfants qui ont fini par parler la langue dominante le plus couramment?», la plupart des non experts arriveraient à la conclusion que les enfants du premier groupe apprendraient mieux à parler la langue dominante que les enfants des deux autres groupes.

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