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Dissertation créole 4
Questions de l'oral.
2éme Partie
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par Raphaël CONFIANT |
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FICHES CAPES DE CREOLE
(Linguistique)
EXISTE-T-IL UNE FORME PASSIVE EN CREOLE?
Pour répondre à cette question, il importe de savoir
quel niveau lectal on examine: en effet, s’il apparaît
que le passif agentif, forme la plus remarquable
du passif, n’existe pas en créole basilectal, il n’en
va pas de même en créole acrolectal dans lequel on
peut fort bien entendre:
Dèvwa-tala té ba pa/par
pwofésè anglé a/la (Ce devoir a
été donné par le professeur d’anglais).
Il faut remarquer d’abord qu’en français, contrairement
à l’anglais, la forme passive est très peu utilisée
à l’oral et quand elle l’est, c’est parce
que le locuteur veut connoter son message, par exemple lui donner
un aspect ironique ou, dans d’autres cas, hautain. En français,
le passif est surtout une forme écrite. Mais qu’est-ce
que le passif? Il s’agit d’une transformation
de la phrase par déplacement du groupe nominal objet pour
l’amener en position de sujet (Dèvwa-tala
dans notre exemple) tandis que le groupe nominal sujet se
déplace à droite du groupe verbal (pwofésè
anglé a/la dans notre exemple) et se voit précéder
de la préposition (pa/par)
introduisant le complément dit d’agent.
Pourquoi le passif agentif, même en créole acrolectal
où il peut apparaître de manière très
épisodique, ne fonctionne pas en créole? C’est
parce que le groupe nominal, en particulier lorsqu’il est
sujet, semble avoir une place assignée dans la phrase créole
et n’est pas doué de la mobilité qu’il
possède en français ou en anglais. Cela n’a
rien d’étonnant dans une langue où tous les
mots sont pratiquement invariables, la fonction de chacun
est naturellement indiquée par sa place, d’où
la rigidité de l’ordre des mots ou plus exactement,
les restrictions quant aux transformations de déplacement.
Toutefois, le passif existe bel et bien en créole
sous les 3 formes non agentives suivantes:
- Poul-la manjé dépi dé jou. (La
poule a été mangée depuis deux jours).
Remarque: on a affaire ici à l’aspect accompli c’est-à-dire
que l’action a été faite, qu’elle n’est
pas en train de se faire. On voit bien aussi que la phrase ne
comporte pas d’agent (= celui ou celle qui a mangé
la poule).
- Liv-tala ka li adan dé zè (Ce livre
se lit en deux heures).
Remarque: la phrase comporte un « ka » qui n’a
pas une valeur de non-accompli, de progressif comme dans Mwen
ka manjé mais une valeur habituelle ou générique
Mwen ka manjé pen chak bomaten (Je mange du pain
chaque matin). Mais ce deuxième type de passif non agentif
(il n’indique pas «qui» lit le livre) présente
une certaine forme d’instabilité.
En effet, certains verbes l’admettent alors que d’autres
le bloquent. Ex. Kribich ka péché adan riviè.
(Les écrevisses se pêchent en rivière) est
difficilement acceptable en créole.
- Ce passif est en rapport avec les verbes dits «neutres
». Ex. Fouyapen-an ka tjuit (Le Fruit à
paint cuit). Autres verbes de ce type: bouyi, brilé,
tiédi etc…Ici, par contre, «ka»
a une valeur d’inaccompli, de progressif.
Conclusion:
Ces trois passifs créoles présentent une
caractéristique commune: l’agent a une valeur indéterminée
(agent = celui qui fait l’action).
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FICHES
CAPES DE CREOLE (Littérature)
QU’APPELLE-T-ON UNE « CHANSON DE COCOTTES »?
La chanson de cocotte est une chanson en créole (ou plus
rarement en français créolisé) qu’écrivait
les Blancs créoles à l’époque esclavagiste,
notamment à Saint-Domingue. L’exemple le plus connu
est Lisette quitté la plaine (1757) de Duvivier
de la Mahautière, conseiller à la cour de Port-au-Prince
(= magistrat donc) mais on a retrouvé en Louisiane, pays
où a fui une grande partie des Békés chassés
de ce pays par la révolution de Toussaint-Louverture et Dessalines,
un recueil de ces chansons, sans nom d’auteur, intitulé
Idylles et chansons de Saint-Domingue. Dans les Petites
Antilles, on connaît surtout le fameux Adieux foulards,
adieux madras! (1769) attribué à Bouillé,
gouverneur de la Guadeloupe à l’époque.
Quelles sont les caractéristiques des «chansons de
cocottes»? Tout d’abord, elles s’inscrivent toutes
dans le registre soit amoureux soit grivois et sont à mettre
en rapport avec le phénomène des mulâtresses
qui servaient de maîtresses aux riches Békés,
femmes que l’on appelait matadò ou titàn
à la Martinique. Pendant l’esclavage, ces femmes qui
résidaient surtout dans les villes, appartenaient au groupe
des «hommes de couleur libres» et vivaient donc de leurs
charmes, sans être vraiment des prostituées. Elles
étaient attachés à tel ou tel Béké
qu’elles hésitaient rarement à lâcher
pour celui d’entre eux qui leur offrait plus d’argent
ou une meilleure position. A cette époque où
les femmes blanches étaient peu nombreuses, l’idéal
de beauté, fortement sexualisé, était celui
de la «belle mulâtresse sensuelle et lascive au teint
de sapotille», toujours disponible pour le Blanc.
Cette idéologie a finit par donner, dans la deuxième
moitié du 19è siècle, les premiers
ouvrages érotiques créoles, écrits par des
Békés, dont les plus connus sont Les nuits chaudes
du Cap Français de Hugh Rebell et surtout le très
connu en France Nuits d’orgie à Saint-Pierre
de Effe Géache.
Autre caractéristique: ces chansons voyageaient à
travers l’archipel des Antilles sous forme écrite puisqu’il
n’existaient ni magnétophone ni radio ou télévision
et prenaient progressivement la forme de poèmes. Elles
figurent donc tout normalement comme les tout premiers textes écrits
en créole ayant une vocation littéraire.
Ainsi Lisette était chanté et lu à
la Martinique où elle devint Nizette.
Enfin, les Békés ne se mettaient pas en scène
à travers ces chansons et les personnages évoqués
étaient toujours des hommes de couleur. Dans celle de Duvivier
de la Mahautière est évoqué le chagrin d’amour
d’un esclave noir pour sa belle qui l’a quittée.
Quand on sait qu’hommes noirs et femmes noirs vivaient séparés
pendant l’esclavage, qu’il n’y avait pas de mariage
d’esclaves, que la notion de «couple» était
remplacée par celle d’ «accouplement» à
travers l’institution de l’étalon noir chargé
de monter les négresses pour augmenter le cheptel humain
des maîtres et que la pénibilité du travail
dans les champs de canne rendait impossible la naissance et le développement
d’idylles entre Noirs, on mesure toute l’ironie qu’il
y avait derrière de tels textes. C’était aussi
un moyen pour certains Békés délaissés
par leur «cocotte» d’exprimer leur tristesse ou
leur ressentiment à l’égard de cette dernière,
cela dans un idiome qui était censé être celui
des seuls esclaves c’est-à-dire d’êtres
considérés comme inférieurs.
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Sociolinguistique)
QU’APPELLE-T-ON LA « DEVIANCE MAXIMALE »?
La théorie dite de la «déviance maximale»
a été élaborée au milieu des années
70 par Jean Bernabé. Elle s’inscrit dans une volonté
de construire une langue littéraire créole
libérée de ses attaches avec la langue créole
orale d’une part et non inféodée d’autre
part à l’écrit français. En fait, il
s’agit d’aboutir à une forme de créole
la plus «déviante» par rapport au français,
la plus différente de lui. Comment Bernabé s’y
prend-t-il? Tout d’abord, il constate que le créole
basilectal, tout en étant assez différent du français,
comporte, à cause de la situation de diglossie de nombreux
traits directement empruntés au français, cela à
tous les niveaux (phonologique, lexical, syntaxique etc…).
Par exemple, au niveau phonologique, on peut parfois entendre dans
un énoncé en créole «vieux-nègre»
ou basilectal certaines voyelles arrondies du français (eu,
e etc…) pour peut que le locuteur se trouve dans une situation
où il se sent obligé de montrer qu’il n’est
pas un bitako/boloko. Il pourra dire:
Chumiz (an) mwen té mouyé au lieu de
Chimiz (an) mwen té mouyé.
Au niveau lexical, il pourra dire li au lieu de kabann
et au niveau syntaxique, employer le comparatif de supériorité
français comme dans Jizel pli bel ki Liza au lieu
du comparatif de supériorité créole Jizel
bel pasé Liza. D’autre part, à cause de
la «compétence à trous» (J. Bernabé,
1976) de l’immense majorité des créolophones,
il est rare qu’un locuteur utilise le créole basilectal
de bout en bout c’est-à-dire tout au long d’une
conversation. La compétence à trous est le fait pour
certains locuteurs de connaître certaines formes lexicales
ou syntaxiques que ne connaissent pas d’autres locuteurs et
inversement. Aucun locuteur ne maîtrise l’ensemble
des formes basilectales, y compris les créolophones unilingues
même si ces derniers en sont plus proches que les diglottes.
Fort de ce constat, Jean Bernabé propose de faire
le recensement de toutes ces formes déviantes
et de les mettre ensemble lorsqu’on voudra écrire en
créole. En bref , à l’écrit de toujours
privilégier, à tous les niveaux, la forme (phonologique,
lexicale ou syntaxique) la plus déviante par rapport au français.
Le résultat est certes un créole artificiel,
que Bernabé qualifie de «créole savant»,
mais c’est le lot de toutes les langues écrites.
Il existe même des langues dans lesquelles l’écrit
est si différent de l’oral que les locuteurs non scolarisés
ne comprennent pas les discours radiophoniques ou télévisés:
c’est le cas du grec ou de l’arabe.
Mais la déviance maximale ne se limite pas à mettre
ensemble des formes déviantes attestées dans la langue
ni à privilégier des archaïsmes: elle consiste
aussi à innover en créant des néologismes
à partir de racines créoles déjà existantes.
Et là se manifeste la volonté de se libérer
de l’emprise du français écrit et le refus de
lui emprunter des mots à tours de bras. Ainsi lorsque Bernabé
invente Majolay à partir de majolè
(conteur) en utilisant le procédé de la suffixation
ou Larel-lidé (idéologie) en utilisant le
procédé de la juxtaposition, il refuse du
même coup la facilité de l’emprunt au français
qui aurait donné dans le premier cas oraliti
et dans le second idéyoloji.
Evidemment, cette langue savante choque les lecteurs non avertis
et risque de creuser un fossé, comme en arabe, entre créole
oral et créole écrit si des garde-fous ne sont pas
mis à cette entreprise véritablement prométhéenne.
C'est pourquoi, en 2001, J. Bernabé a remplacé le
concept de «déviance maximale» par celui de «déviance
optimale» lequel ne repose plus sur un rejet systématique
des formes jugées trop proches du français.
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Linguistique)
QUELLE EST L’ORIGINE DU MOT « BEKE »?
Désignant en Martinique, à Sainte-Lucie et à
Trinidad les Blancs créoles des Antilles, le mot «Béké
» a une origine controversée. Certains y voient la
déformation d’un ordre que donnaient les premiers colons
à leurs esclaves noirs: «Bêchez! Bêchez!». D’autres, tournés vers l’Afrique, découvrent
ce mot dans certaines langues de l’Afrique de l’Ouest
où il signifie «Homme rouge». On sait, en effet,
que dans beaucoup de ces langues, les Européens sont désignés
par le mot « Rouge » et non le mot «Blanc»,
sans doute à cause de l’empourprement de leur teint
dû au climat tropical.
Aucune de ces étymologies ne semble satisfaisante,
ce qui est d’ailleurs le cas d’un nombre considérable
de mots créoles auxquels ont peut attribuer tant
une origine européenne qu’africaine. Ainsi agoulou
(vorace) vient-il:
- du français goulu ou au contraire
- du kikongo n’goulou qui signifie cochon?
Chantal Claverie, dans sa thèse de doctorat intitulée
Le mythe d’Ariel--la figure du Mulâtre dans la société
de plantation (1998), suggère une piste très
intéressante quoique non vérifiable. Elle rappelle
d’abord que toutes les désignations raciales concernant
les mélanges Blanc/Noir comporte une racine animale:
- mulâtre vient de « mulet ».
- chabin désigne en Normandie une variété
de moutons au poil roux.
- grif vient de « griffon », animal mythologique
aux pieds fourchus.
- câpre et câpresse vient de caprin/chêvre etc…
D’autre part, elle note que dans le parler normand, d’où
provient une grande partie du vocabulaire du créole, on trouve:
- béquet qui signifie «petit du bouc» soit
«biquet» en français standard.
En rapprochant donc ce «béquet» de mulâtre,
chabin, câpre etc…et du processus d’animalisation
des désignations raciales dans les Antilles, durant la période
esclavagiste, C. Claverie en conclut que:
- béké provient de «béquet ».
Toutefois, si l’on comprend pourquoi les métis Blancs/Noirs
étaient animalisés (ne provenaient-ils pas tous du
ventre d’une femme noire c’est-à-dire d’une
créature qui n’était pas considérée
comme un être humain?), il est difficile, aussi séduisante
soit l’hypothèse de C. Claverie, d’expliquer
pourquoi il en irait de même du mot désignant les Blancs
puisqu’ils étaient les maîtres, les supérieurs.
Ces controverses sur l’origine du mot «béké»,
qui se retrouvent à propos de bon nombre de mots créoles,
démontre une fois de plus que le lexique est bien l’auberge
espagnole de toute langue: les mots y entrent et en sortent sans
qu’on puisse contrôler ce mouvement et leur origine
est rarement certaine lorsqu’ils ne sont pas des mots savants
(pour les mots savants, on peut décider de façon sûre
de leur étymologie: ex. logos en grec qui donne
logique en français; socius en latin qui donne société;
al zibra en arabe qui donne algèbre etc…).
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Anthropologie)
COMMENT WLADIMIR PROPP ANALYSE-T-IL LES CONTES?
Wladimir Propp est un savant russe qui, en 1928, dans son ouvrage
Morphologie du conte, fut le premier à proposer une analyse
scientifique des contes merveilleux. Sa méthode, dite «structurale»,
est applicable, avec certains réajustements, à l’ensemble
des contes du monde et donc aux contes créoles. Le
premier mérite de Propp est de récuser l’analyse
et surtout la classification des contes selon leur sujet (/thème)
ou leurs personnages. Pour remplacer cette dernière,
il met en avant la notion de «fonction» qu’il
définit comme suit:
«Par fonction, nous entendons l’action du personnage,
définie du point de vue de sa signification dans le déroulement
de l’intrigue».
Et Propp de montrer trois choses:
- Les invariants des contes (= ce qui ne change pas) sont les
fonctions.
- Les variables (= ce qui change) sont les sujets (/thèmes)
ou les personnages.
- Les fonctions sont en nombre limité quels que soient
les contes envisagés.
La notion de fonction est un acquis indéniable de la narratologie
moderne (narratologie = étude du récit). C’est
pourquoi la classification des contes créoles que l’on
trouve dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacré
est erronée. Par Exemple, Ina Césaire, dans son livre
Contes de vie et de mort aux Antilles, continue à les classer
en 5 groupes selon ce qu’elle croit être leur thème
principal:
- Les contes sorciers.
- les contes érotiques.
- les contes d’animaux.
- les contes humoristiques.
- la geste de Ti Jean L’Horizon.
Ce genre de classification masque le fait que, par exemple, dans
les contes d’animaux, on trouve souvent beaucoup de merveilleux
(/sorcier) ou encore dans les contes érotiques, l’humour
est parfois tout aussi présent que l’érotisme.
C’est pourquoi Propp identifie 31 fonctions dans les
contes, celles-ci s’enchaînant entre elles du début
à la fin. Deux remarques toutefois: les contes ou
l’on trouve la totalité de ces fonctions sont rares;
les 8 premières fonction sont dites «facultatives».
En fait, la plupart des contes commencent avec la Fonction
8A telle qu’elle est définie par la méthode
de Propp à savoir la fonction MANQUE. Cette
dernière semble être le moteur de la narration dans
les contes car c’est à partir d’elle que s’enclenche
le récit.
Exemple de «Manque»: famine dans le pays, mort du
père, insatisfaction du héros quant à sa situation
etc…
Voici les principales fonctions suivantes:
- Fonction «Mandatement du héros»
(9): quelqu’un demande au héros de trouver une solution
au manque, il le mandate. En cas de famine, c’est le père
qui peut inciter son fils aîné à partir à
la chasse ou en cas de décès du père, c’est
la mère qui peut demander à son fils d’aller
à la ville ou dans un autre pays pour gagner de l’argent.
- Fonction «Début de l’action réparatrice
» (10): le héros prend sa décision,
il se résoud, par exemple, à partir.
- Fonction «Départ du héros»
(11): le héros quitte le domicile familial.
- Fonction «Mise à l’épreuve
du héros» (12): le héros rencontre
un diable ou un géant sur sa route.
- Fonction «Affrontement de l’épreuve
» (13): le héros se bat avec son adversaire
lequel est appellé l’opposant dans la théorie
de Propp.
- Fonction «Réception de l’objet magique
» (14): le héros reçoit, par exemple,
une épée magique ou un talisman des mains d’un
personnage appelé adjuvant (= qui aide).
- Fonction «Voyage du héros»
(15): le héros fait un long périple, traverse de
nombreux pays.
- Fonction «Combat du héros»
(16): le héros affronte un nouvel opposant, cette fois-ci
son principal adversaire.
- Fonction «Héros marqué»
(17): le héros est «marqué» et s’empare
d’une partie de son adversaire (ses bras ou sa tête,
par exemple).
- Fonction «Victoire» (18): le héros
terrasse son adversaire.
- Fonction «Réparation du manque»
(19): le héros regagne le domicile familial et répare
le manque initial. Par exemple, l’or qu’il ramène
permet à sa famille de vivre à l’aise.
On trouve encore 11 onze autres fonctions mais
tout comme les 8 premières, elles sont facultatives. Le noyau
du conte fonctionne donc autour des 12 fonctions
que l’on vient de décrire. ON RETROUVE CES FONCTIONS
DANS TOUS LES CONTES et l’on comprend pourquoi Propp récuse
la classification des contes par thème ou d’après
les personnages. En effet, ces fonctions sont valables quelles que
soient le thème particulier du conte (histoire de sorcier,
histoire érotique, histoire humoristique etc…) et quels
que soient les personnages (le héros peut être un enfant,
un homme, une jeune fille, un prince, un bandit etc…).
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Littérature)
QU’EST-CE QUE L’ACADEMIE CREOLE ANTILLAISE?
L’A.C.R.A. ou Académie Créole Antillaise fut
fondée à la fin des années 40 par un groupe
d’intellectuels guadeloupéens parmi lesquels on trouve
Rémi Nainsouta, Bettino Lara, Gilbert de Chambertrand et
Germain William. Elle connue son heure de gloire dans les années
50-60 au cours desquelles elle entreprit un important travail de
collecte et de publications de proverbes, de chansons et de contes
créoles. Gilbert de Chambertrand, le plus talentueux des
«Acradémiciens» comme ils se nommaient eux-mêmes
(preuve qu’ils ne se prenaient pas trop au sérieux),
publia et fit jouer plusieurs textes théâtraux en créole
ou dans les deux langues en même temps dont le célèbre
Mi yo! qui connut un grand succès de scène.
Il est également l'auteur d'un intéressant recueil
de nouvelles humoristiques en créole intitulé Dis
bel kont avan siklon. Les autres membres de l’Académie
s’intéressèrent surtout à la poésie,
en particulier Nainsouta qui, sous le pseudonyme de Cé Yvandoc,
publia des poèmes assez remarquables. Toutefois, on notera
que si les acradémiciens déclarèrent rechercher
un art poétique créole, ils demeurèrent assez
rivés aux normes poétiques européennes. Les
règles de l’art poétique créole
qu’ils définissent s’alignent sur celles du sonnet
à l’européenne avec un nombre de pieds précis
par vers (octosyllabe ou alexandrin), avec des rimes et des strophes
de quatre vers. L’ACRA semble obnubilée par
le fait que la poésie créole doive respecter des règles
et pour elle, ces règles ne peuvent être que celles
de la poésie française.
Il y a là un paradoxe qui n’est pas si étrange
que cela. En effet, ce mouvement est très représentatif
de la petite-bourgoisie mulâtre du milieu du 20è
siècle pour laquelle le Guadeloupéen possède
deux patries: une grande patrie qui est la France et une petite
patrie qui est la Guadeloupe. Il faut donc protéger
la langue de la petite patrie à savoir le créole tout
en vénérant celle de la grande à savoir le
français. Au contraire, en Martinique, à
la même, triomphait le mouvement de la Négritude, sous
la houlette d’Aimé Césaire, mouvement qui était
un rejet virulent des valeurs judéo-chrétiennes et
du classicisme littéraire européen. Césaire
rejète alexandrins, rimes, strophes, sonnets etc…et
prétend faire «entendre le grand cri nègre»
à travers ses poèmes. Césaire prétendit
même «négrifier» la langue française
mais il ignora le créole. L’ACRA a donc une
idéologie régionaliste tandis que la Négritude
a une idéologie universaliste puisqu’elle veut rassembler
tous les Noirs du monde sous la même bannière.
Dans les années 70, longtemps après que l’académie
eut cessé de fonctionner, suite au décès successifs
de ses membres, Germain William continua à lui donner vie
à travers des conférences qu’il donnait à
Basse-Terre sur divers thèmes de société (la
violence routière, le quimbois etc…), cela dans un
excellent créole. Ces conférences ont été
publiées sous forme de fascicules indiquant comme nom d’éditeur
l’ACRA. Les plus célèbres sont intitulées
Lanmò si chimin et I ja ka ta.
L’existence de l’ACRA témoigne du fait que
la petite-bourgeoisie guadeloupéenne a toujours été
moins hostile à la langue créole que sa consoeur martiniquaise.
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FICHES
CAPES DE CREOLE (Linguistique)
QUE SAVEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE LA GRAPHIE DU CREOLE?
N’étant pas considéré comme une langue,
le créole, lorsqu’il commença à être
écrit vers le milieu du 18è siècle par les
Blancs créoles, personne ne songea à le doter d’une
graphie propre. Vécu comme un patois français, il
était tout naturel qu’on lui appliquât l’orthographe
de cette langue: c’est ce que les créolistes appellent
la graphie étymologique. Celle-ci n’a
jamais été définie dans un ouvrage quelconque
ni théorisée et c’est pourquoi il faut
parler de plusieurs graphies étymologiques. D’ailleurs,
chez un même auteur, on note souvent une sorte d’instabilité
graphique dans la mesure où le même mot peut se retrouver
écrit de manière différente dans un même
texte. Ces graphies étymologiques furent utilisées
de 1757 (de Lisette quitté la plaine) à 1885
(Atipa). Le roman du Guyanais Alfred Parépou marque
un tournant dans la graphie du créole dans la mesure où
cet auteur est le premier à s’écarter quelque
peu des graphies étymologiques. Sans définir de système,
on note chez lui une double pratique:
- il note tous les mots d’origine visiblement française
avec l’orthographe du français: par exemple, il écrit
chimise qu’il sait provenir du français
chemise.
- il note tous les mots d’origine amérindienne,
africaine ou non identifiés avec une graphie phonétique: par exemple, il écrit kiwawa qui signifie verre
de rhum là où une stricte graphie étymologique
aurait noté quiwawa.
Un demi-siècle plus tard, en Guadeloupe, dans les années
50 du 20è siècle donc, l’ACRA (Académie
Créole Antillaise) tentera, à son tour, de définir
une graphie spécifique au créole laquelle graphie
reposera comme pour Parépou sur un mélange d’étymologisme
et de phonétisme mais certains de ses choix dérouteront
les scripteurs (par exemple qi pour ki) et elle ne sera guère
utilisée au-delà du petit cercle des acradémiciens.
Il fallut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale
pour voir apparaître en Haîti un système
entièrement phonétique dû à
deux pasteurs protestants américains, McConnell et Laubach,
venus évangéliser les Haïtiens. Ne connaissant
pas le français et voulant traduire la Bible en créole,
c’est tout naturellement qu’ils élaborèrent
un système qui n’entretenait aucun rapport avec l’orthographe
du français. Ce système mit beaucoup de temps à
s’imposer en Haïti, la bourgeoisie y étant très
attachée à la langue et à la culture françaises.
Au milieu des années 70, un nouveau pas est franchi avec
Jean Bernabé qui améliore la graphie phonétique
en y introduisant la nécessaire réflexion sur ce qu’il
appelle la syntaxe graphique: il ne s’agit
plus de noter des phonèmes isolés, chose que permet
facilement le système McConnel et Laubach mais de réfléchir
aussi au découpage des mots en créole. Comment écrire
met-a-manyok, par exemple? En un seul mot: metamanyok,
en trois mots séparés par deux traits d’union:
met-a-manyok ou en trois mots sans traits d’union:
met a manyok. Bernabé opère la première
vraie réflexion sur ces questions et met sur pied un système,
désormais connu sous le nom de système-GEREC
ou graphie-GEREC qui connaîtra pendant 30
ans un succès considérable dans les Petites Antilles
et en Guyane. C’est à l’heure actuelle la graphie
utilisée par près de 80% des textes publiés
en créole dans ces pays. Récemment, en 2001, Jean
Bernabé proposera de légères modifications
à son système qui s'appelle désormais le NSG
ou nouveau Standard-GEREC. Ces modifications sont
dues aux observations qui ont pu être faites quant à
l’utilisation du Système-GEREC pendant 30 ans par le
grand public (artistes, publicitaires, religieux etc…).
A côté de ce système existe la graphie
morphologique dûe à Guy et Marie-Christine
Hazaël-Massieux, enseignants de linguistique à l’Université
d’Aix-en-Provence. Ce système, largement phonétique,
tente toutefois de conserver un certain lien, morphologique justement,
entre le créole et le français. Il récuse le
phonétisme intégral de la graphie du GEREC-F. Par
exemple, là où le GEREC-F écrit won
(rond), le système-Hazaël-Massieux écrit wond
en conservant le d morphologique et en le justifiant par le fait
qu’à partir de wond, on obtient wondi
(s’arrondir). Ce système, assez complexe, demande une
certaine connaissance de l’orthographe française. Le
problème c’est qu’il n’a jamais été
utilisé dans aucun ouvrage et ne figure que dans les écrits
scientifiques de ses deux auteurs.
Enfin, toujours en Guadeloupe, l’abbé Colbach a proposé,
dans les années 80, un système sténographique
c’est-à-dire utilisant les signes de la sténographie,
système d’écriture permettant de prendre des
notes rapidement. Outre, le fait que ces signes sont compliqués,
la sténographie a aujourd’hui totalement disparue,
remplacée par l’ordinateur vocal, l’Internet
etc…Le système Colbach n’a été
utilisé que dans un seul ouvrage, le recueil de poèmes
du Guadeloupéen Théogène Alyénus, Ranboulé
(1987), ceci côte à côte avec le système-GEREC.
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Histoire)
QUELLES SONT LES CAUSES DE L’EFFONDREMENT DU SYSTEME DE
L’HABITATION A PARTIR DU MILIEU DU 20è SIECLE?
Si le système de l’Habitation
s’est effondré à la fin des années 60
du XXè siècle, les causes sont à
rechercher loin en arrière. En effet, dès le milieu
du siècle précédent, ce système était
entré en crise et
c’est pourquoi l’abolition de l’esclavage en 1848
résulte moins de la générosité de philanthropes
européens comme Victor Schoelcher que de l’inefficacité
économique progressive du système esclavagiste. En
bref, à partir du milieu du XIXè siècle,
l’esclavage n’est plus rentable pour diverses
raisons:
- la fin de la Traite fait que les habitations
sont désormais peuplées de Nègres créoles,
plus rétifs que les Nègres bossales (= arrivés
d’Afrique) et moins durs à la tâche.
- l’habitation ne se modernise pas
du point de vue de ses outils et de ses méthodes de travail.
Elle devient un système archaïque du point de vue
technologique et repose presqu’entièrement sur des
travailleurs non qualifiés.
Malgré l’abolition de
l’esclavage et la transformation des esclaves en salariés
agricoles, le système ne change pas sur l’habitation.
La modernisation technologique touche surtout
les usines à sucre et les distilleries dans la deuxième
moitié du XXè siècle. On
aboutit donc à un système bancal: en amont, l’habitation
cannière avec ses méthodes archaïques et sa rentabilité
médiocre; en aval, un outil industriel qui n’a rien
à envier à l’Europe mais qui est lui aussi peu
efficace parce qu’il est entièrement dépendant
de l’habitation qui le fournit en cannes. Il faut ajouter
à cela la concurrence du sucre de bettrave beaucoup moins
cher à produire et se trouvant déjà sur le
marché métropolitain alors que le sucre de canne subit
de lourdes charges de transport. A la fin du XIXè
siècle, on peut dire que le système de l’habitation
entre dans une crise majeure dont il ne se relèvera jamais.
Il connaîtra un bref regain de vigueur grâce à
la Première Guerre Mondiale (14-18) parce que la France importera
des quantités astronomiques de rhum. Dans les tranchées,
le rhum sert de réchauffant, de médicament contre
la grippe, d’anesthésiant pour opérer les blessés
etc…Les Békés constitueront des fortunes colossales
sans se rendre compte que cette richesse soudaine est due à
un événement fortuit et éphémère
(la guerre) et non à une conquête réelle du
marché français. D’ailleurs, cette guerre profitera
essentiellement au rhum et presque pas au sucre.
Et, dès 1932, ce sera le
coup de grâce: les bouilleurs de cru métropolitains
( = fabricants de vin) s’élèveront contre l’envahissement
du marché par le rhum et exigeront du gouvernement qu’il
prenne une loi pour le «contingenter» c’est-à-dire
en limiter l’accès sur ce même marché.
Cette loi, dite du «contingentement», fixera désormais
la quantité de rhum que les Antilles seront autorisées
à exporter sur le marché français sans payer
de taxes. Tout ce qui y sera exporté en plus paiera une lourde
taxe et de fait, ne pourra pas concurrencer le vin. Les
plus gros distillateurs (Békés pour la plupart) vont
s’accaparer du volume de rhum exportable sans taxes et
vont laisser le surplus aux moyens et petits distillateurs (Mulâtres)
lesquels vont rapidement faire faillite. Dès 1938, la plupart
des distilleries «mulâtres» sont en perdition
et après la Deuxième Guerre Mondiale seule une petite
dizaine parviendra à survivre. Dès la fin des années
50, il ne reste plus qu’une seule distillerie « mulatre
», la distillerie Neisson au Carbet.
Mais si les Békés parviennent à sauver «leur
» rhum, la crise du sucre de canne va continuer à s’aggraver
pour deux raisons:
- la syndicalisation grandissante des ouvriers agricoles et les
grèves à répétition en début
de récolte provoqueront des hausses successives, quoique
modestes, de salaire.
- l’obsolescence des méthodes de fabrication du
sucre et son prix de vente élevé sur le marché
métropolitain entraîneront son éviction inexorable
par le sucre de bettrave.
A la fin des années 60, le
sucre ne survit plus que grâce aux subventions incessantes
du gouvernement et des collectivités locales et la plupart
des sucreries vont fermer une à une. Cela provoquera
un exode rural important et le gonflement subit des conurbations
Lamentin-Fort-de-France en Martinique et Pointe-à-Pitre-Abymes
en Guadeloupe. Une seule usine demeurera en Martinique et l’essentiel
des terres plantées en canne se métamorphoseront en
bananeraies. En Guadeloupe, à cause du terrain plat et facilement
mécanisable en Grande-Terre, la canne résistera un
peu mieux mais seules deux sucreries parviendront à résister,
l’une sur le continent, l’autre à Marie-Galante.
Aujourd’hui déficitaires, elles survivent grâce
aux aides de l’Etat.
On peut donc conclure en disant que l’effondrement du système
de la plantation date d’au moins un bon siècle et que
les causes principales en sont son archaïsme technologique,
la non rentabilité de ses productions et la concurrence sévère
du sucre de bettrave.
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FICHES CAPES
DE CREOLE (Sociolinguistique)
QU’EST-CE QUE LA DIGLOSSIE?
La notion de diglossie est née sous la plume du sociolinguiste
américain Ferguson dans un article intitulé justement
«Diglossi» paru dans la revue Word en 1959.
Depuis, cette notion a connu une fortune considérable, d’abord
chez les sociolinguistes catalans, puis occitans et enfin les créolistes.
La diglossie s’oppose au bilinguisme dans la mesure où
la première affecte des communautés alors que le second
réfère à des individus particuliers.
Selon Ferguson donc, il existerait une distribution
complémentaire pacifique entre la «langue haute
», le français aux Antilles ou l’arabe classique
au Maghreb, et la «langue basse», le créole ou
l’arabe dialectal. Très vite, on s’est aperçue
que cette définition manque l’essentiel de la situation
diglossique à savoir le
conflit linguistique opposant deux idiomes au sein d’un
même écosystème.
Des occitanistes comme Robert Lafont, des catalanistes comme Ninyolès,
des créolistes comme Valdman et Bernabé affineront
la notion de diglossie en y faisant entrer cette dimension conflictuelle.
Derek Bickerton, spécialiste du créole à base
lexicale anglaise du Guyana, sera le premier, en 1973, à
introduire pole intermédiaire
entre la langue haute (qu’il nomme acrolecte)
et la langue basse (qu’il nomme basilecte).
A ce pôle intermédiaire, il donnera le nom de mésolecte
en le définissant comme la zone de contact entre les deux
langues. D’autres nomment aussi cette zone l’interlecte.
Jean Bernabé sera le premier, en 1978, à distinguer
entre le champ central de
la diglossie et le champ périphérique.
Cette distinction permet de confirmer qu’Haïti vit bien
une situation de diglossie, chose qu’avait contestée
en 1979 le linguiste haïtien Yves Dejean. Selon ce dernier,
95% de la population d’Haïti ignore le français
et n’utilise que le créole, ce qui fait qu’il
est faux de parler de diglossie, le français n’étant
utilisé - et encore principalement à l’écrit!
- que par 5% d’habitants aisés des grandes villes comme
Port-au-Prince ou Le Cap. Pour Bernabé au contraire, il ne
saurait y avoir d’étanchéité entre zone
rurale et zone urbaine en Haïti, d’autant que c’est
la zone urbaine qui détient le pouvoir et diffuse donc des
modèles langagiers qui vont s’infiltrer peu à
peu dans la zone rurale, cette considérablement plus peuplée
mais ne détenant aucun pouvoir. Les
zones rurales haïtiennes figurent donc le champ périphérique
de la diglossie tandis que les zones urbaines en représentent
le champ central. Cela permet à Bernabé de
donner l’une des toutes premières définitions
de la notion de décréolisation: cette dernière
consistant en une absorption progressive du champ périphérique
de la diglossie par le champ central.
En 1980, L-F. Prudent postulera l’existence d’une
zone intermédiaire, l’interlecte, qui n’obéit
ni au basilecte ni à l’acrolecte alors que le mésolecte
de Bickerton y voyait surtout une zone flottante, entièrement
dépendante de l’un ou l’autre pôle selon
les circonstances. Jean Bernabé récuse fort justement
l’idée d’une zone interlectale coupées
de toute référence aux réalités polaires
qui la constituent comme intermédiaire.
Allant plus loin, Bernabé identifiera non plus 2 poles +
une zone intermédiaire comme tous les créolistes l’avaient
fait jusque là mais plutôt un système à
4 niveaux reliables deux à deux:
Français standard/français créolisé
d’une part; créole basilectal/créole
francisé de l’autre.
Il n’y aurait donc pas 1
continuum allant de l’acrolecte au basilecte en passant par
le mésolecte mais bien 2
continuum articlés autour d’un discontinuum, la frontière
passant entre le français créolisé et le créole
francisé. C’est ce que J. Bernabé appelle le
modèle continuum-discontinuum.
On constate que sa théorie s’oppose à celle
de Bickerton dans la mesure où cette dernière occulte
le basilecte français ( = français créolisé)
et l’acrolecte créole ( = le créole francisé)
en les noyant en quelque sorte dans la notion vague de «mésolecte
». Le modèle de Bernabé n’est pas, comme
on pourrait le croire, un système figé: les 4 niveaux
qu’il repère sont agités en permanence par ce
que l’on pourrait appeler des «turbulences linguistiques
» selon les locuteurs considérés. Les compétences
de ces derniers étant fort diverses et surtout hiérarchisées
(selon leur classe sociale, leur niveau scolaire etc…),
il apparaît très clairement que si la diglossie frappe
l’ensemble des locuteurs des sociétés créoles,
elle se manifeste de manière très différente
selon le locuteur considéré.
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