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À vous tous, Janvier 2007
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Je profite de la nouvelle année qui s’annonce pour vous présenter mes vœux. J’aimerai vous la souhaiter douce, riche et heureuse. Mais 2007, est une année que je pressens difficile et où des questions identitaires se poseront avec une certaine acuité.
Cette montée des revendications, qui se dessine actuellement, est sans doute liée aux futures élections présidentielles, mais je n'en suis pas convaincu. Il y a comme une main invisible, un marionnettiste qui se joue de nous, dans l’optique de changer les rapports sociaux, les fondements même de cette République.
D’une société qui tend vers un modèle égalitaire, fraternel et solidaire, «il» tente de la remplacer par une société inégalitaire, conflictuelle et égoïste.
Une société nouvelle se profile où l’Homme n’a plus vraiment sa place, mais l’argent, l’apparence, le factice, des valeurs éloignées de notre morale religieuse ou de notre culture.
Toutefois, autour de moi à Paris, je vois une volonté des populations de se rassembler et de faire peuple. Lors des manifestations culturelles, nous sommes dans un grand tout, un mélange de races et de couleurs.
En Martinique, au mois de novembre, j'assistais à une avant-première et je me suis retrouvé avec plus de cinq cent personnes à Madiana; et dans cette foule, il n'y avait pas trente Noirs, même en comptant les serveurs et les serveuses
Certes, nous sommes dans le symbolique, mais plus concrètement, je vois en Martinique des quartiers monocolores qui se constituent, des lieux où le Nègre est absent, et quand il est de passage, il est confronté aux regards haineux….
Avec la loi de défiscalisation immobilière, l’État est en train de modifier la composition ethnique de la Martinique, on substitue une population à une autre.
Cette loi contribue à exclure une grande partie de la population afro antillaise de l’accès au logement et à la propriété, car elle participe au renchérissement du prix des sols et des loyers.
Cette loi est néfaste à plus d’un titre, à court terme elle l’est, à long terme plus encore. Cette loi est destructrice pour les 80 % des afro-antillais composant la population martiniquaise.
Par ailleurs, beaucoup des nôtres doivent partir à l’étranger pour travailler et dans le même temps, les Européens qui arrivent trouvent du travail.
Je me questionne et je m’inquiète de cette situation, car j'assiste à une exclusion, une éviction progressive des Martiniquais dans leur propre pays, les Martiniquais sont en train d’être relégués dans les marges.
Et je ne vois que peu de personnes qui élève la voix. Il y a comme un laisser-faire, la démission d’une certaine élite intellectuelle, tout comme nos hommes politiques qui sont taisant.
S’accommodent-ils de cette évolution ou dysfonctionnement, font-ils preuve de lâcheté ou sont-ils habités par cet «humanisme» qui les pousse à faire la place à l’autre à son propre détriment?
Quoi qu’il en soit, la Martinique d’aujourd’hui se trouve dans une situation qui est défavorable aux Martiniquais.
Dans ce pays, tout coûte cher, les rémunérations ne suivent pas, sauf pour les fonctionnaires, la paupérisation de toute une frange de la population, notamment les personnes âgées s’accroît, les jeunes et moins jeunes sont touchés par un fort taux de chômage, de plus en plus de drogués et de gens qui tendent la main dans les rues, de plus en plus de lit sont créés pour interner les fous.
La Martinique va mal et cela ne peut plus durer.
Cette situation est porteuse de désordre. Elle préfigure des violences à venir si rien n’est fait pour infléchir cette tendance.
Nous n’en sommes pas encore là, mais nous y venons!
En attendant, pour cette année 2007, je vous renouvelle mes vœux.
Soyez fiers et ne baissez pas les yeux.
Tony Mardaye