Kaz | Enfo | Ayiti | Litérati | KAPES | Kont | Fowòm | Lyannaj | Pwèm | Plan |
Accueil | Actualité | Haïti | Bibliographie | CAPES | Contes | Forum | Liens | Poèmes | Sommaire |
(poème, 1981) à Bueno Garcia
Stéphane Czyba © Galerie Nader |
érotomanie de ces ilotes battues par le vent le fer et l’acier dans la mansuétude des vierges et des collines à haute forme simiesque pour le sacre et l’Écrit des figurines et stèles des tombeaux de poètes aimés partirai-je seul au loin caresser le rêve domestiqué par les dieux pour ma part qui court dans la nuit atteint l’henné du voisin
messalinisme de l’indicible Terrasse sur l’abîme de ma Terre morveuse s’effaçant loin du paradis retrouvé Mon cerveau parmi les longues buées qui montent de ses lampes dois-je formuler mes amours sous la pluie à une femme perruquière stéatopyge des mansardes
beauté phtisique en bouquet de fleurs et d’ossements que l’on croirait rêver ta langue qui dort sous ma semence Obscénité inventée par l’homme comme l’étoile entre les voyelles comme les mots entre les consonnes de peine torrents de rêves bousculés par le pain la vie et nos morts trop compliqués ne partirai-je plus seul seul au loin me glisser dans l’amour parmi les doigts psychiques des dieux silencieux du silence innommé
nymphomanie de la vie
sexe méconnu de ses proies Vierges folles entre les consonnes de cœur et de trèfle Paroles d’osmose et de sang qui gémissent bées ou asthéniques entre deux saisons pour une poignée d’étoiles en lanternes suprêmes
euthanasie des rêves bleus sous les lits sales de l’Occident retenu pour le nirvana des âmes alarmées torride réponse du poète en rage de rêver et de festoyer à l’adoration des mages des ancêtres
nous nous nourrissons de l’eau du lac et de la mer
je t’ai connu Miguel à San Pedro tes oeillets en plein dans l’équivoque des cœurs de l’indienne Terre qui t’absorbe en fin d’oraison enfin berceuse des solitudes désordonnées tu souriais faisais la sentinelle au trépas du soleil Une épaisse tâche de sang aux clavicules de ton être fébrile fut la lassitude en relisant Nerval et Baudelaire ces deux fêlés du temps des retrouvailles d’Orphée
fémurs à la chaux vive qui assiègent les citadelles d’astres obscurs poètes du vide infini mais chefs d‘écoles dans l’au-delà des nuits infiniment belles de vue et de tendresse
ultrasexualité des fleurs hyperandroïdes des colombes atteintes de la maladie des sources infectées de la rapacité de l’homme assiégé en flagrant délit complices de tout meurtre au reportage des étoiles cadavres dans le lit des amours saintes d’obscurité par l’impossibilité des morts et des vivants
tous ces échos bien ordonnés superposés aux aisselles des vivants vaqués à d’autres occupations au-delà des frontières anoblies par l’homme et ses séquelles soudés à une fissure sans écorcher le silence de l’oubli où passe en pieds bots le vent et ses chimères
dyspareunie des roses à l’intonation impropre du crime exorbité qui a franchi la frontière des hommes des femmes et des poètes chansons de sang pour la vie ou la mort des vivants posés l’un bourru à face sévère sur l’autre galet à peine sorti des tavernes et de l’auberge des merveilles de l’amour ardent
deux bouches d’oiseaux à nourrir qui dévorent les crêtes du vent bandes d’assassins que reconnaissent les fantômes de Tolède d’enfants affamés et maltraités d’un geste en cul-de-sac dans le sang qui m’a aveuglé dans les couloirs de Sevilla
soir-essai Soir-Léon Soir-Ghana Soir-Rio aux hennissements des océans superbes consommateurs d’hommes et de femmes nues émérites de la vie à outrager nu-pieds aux ramassis des pierres
lipodystrophie de l’amour dans la fraîcheur de l’automne des abcès tristes de l’été pris en congé de lune Obésité des étoiles archanges qui croient rêver du bonheur de rosée et d’autres parenthèses célèbres à chanter dans le silence de l’index Lune grassouillette par asphyxie de la Terre indienne à chaque phase lutéinique et par tranchées inhumaines rendant hommage aux désastres folliculiniques
pauses perpendiculaires à l’arrivée des tilleuls domestiqués par le vent l’acier et les mégots souillés des vieillards qui ont traversé le temps de la vie des vivants et des morts bien assis sous les châles
nous lisons dans toutes les rubriques invocations populaires au défit des arcanes et voûtes des chansons éruptives cérémonies vaudouesques en allées constamment taillées d’ambre et désertiques des premières lettres de l’alphabet de la mort
de l’indienne terre habillée de pourpre et de mandolines à regarder sinon les étoiles encloses dans le ciel sans verser une larme à terre Ah! je sais mon frère que ta vie est hantise au milieu d’un cadastre
au pied de chacune d’elles héliothérapie de l’amour à l’affût de six baisers sonores solennité religieuse de héliotropes affamés vente coiffée d’indigo d’immenses filles à superviser
sonnets des grands fleuves qui charrient les passions inconnues Croisades en carton de terres saintes au trafic d’acacias Averses violentes constamment à l’affût des amarres de la liberté au pied de chaque tronc d’homme de chaque goutte de poète le pain la vie de Blake l’Écrit de lune de Gongora et d’Holderlin les figurines de Novalis et de Nerval brillants stèles aux départs d’extasés et impatients
au large de chaque peuple innommé qui bée ----------- Îles rebelles trop longtemps fantaisistes Silences gelés de l’amour au soleil de l’ivresse Éloges cardinaux des minutes symboliques Filles cadettes à la lisière de mes songes inconnus
poésie mirifique d’un enfant du Tiers-Monde Rires mimiques d’un arc-en-ciel au passage des oiseaux envolés ------- Fécondité de la vie Surgissement de la mort affamée d’hommes et de femmes allongées
des hommes des femmes de tous âges des mains de soleil dans la nuit Mon peuple mal famé (peuple souverain sans pardon dirait-on) s’abandonne aux grands ébats des orchidées
bottes de foin Bottes bretonnes Ragoûts d’abats d’humains panés en cafards frais de printemps poussée d’une mère impatiente de voir son galopin en ébats de corps Peut-être une fille comme elle jetée dans l’atelier du poète
je me souviens encore de toi Miguel mon ami et mon frère fabriqué à la lumière du langage Je me souviens anonyme de nos rêves d’hommes de Monterrey -------------- de Temuco le village du poète des poètes Neruda
bois de cèdre Bois de chêne Amours de l’Ungava Froidures des Appalaches Légendes de l’Atlantique Sourires de l’Outaouais dans la poussière blasée et les rumeurs momentanées du Brésil
je me souviens de ces rires vagues sablés d’Acapulco Des cris d’ardoise et de peur Ta chevelure aux sorciers je me souviens de cette route de l’Histoire sillonnée dans cette page de l’horreur
rires des fissures de l’hippocampe qui m’emplissent la bouche jusqu’aux larmes Saisons de sang sans l’écharpe d’amour autour du cou Fleurs qui s’ignorent dans le rond des salpètres musclés de liberté Métal qui se rompt dans la nuit des salamandres
saisons du sang qui s’effondrent par instinct d’une vasque fatiguée si petite Éblouissements des enfants abandonnés au pas des portes Rires des fissures de la pierre à nous tendre la main imaginons le silence prisonnier de l’absence et du chiffre
mais au pied de chaque tronc d’homme il y a pêle-mêle du présent sans frapper à la porte des besognes ombre amie qui se cherche dans la nuit rivière -------------- à nos pieds falaises qui caressent mes flancs après désir je te salue Miguel à la source des soleils
zébrures plus-que-parfaites des soirées ligotées remémorées à la santé du Colon ------- à la danse des conquêtes Paupières à détruire dans les gales évasés au mépris de la loi Soleil couchant mais bombé qu’on recherche au détour de tous ces hommes en fuite
coups de matraque dans le dos et l’ordre à l’immoral Cagoules du trappeur sans un mot à la vie Bâillons de retraités sans feindre le volcan Testicules balafrés jusqu’aux canaux déférents Coccyx martelés jusqu’aux accès de frissons la voilà perdue à tout jamais perdue l’indienne Terre maculée de regrets au sommet des vivants et des morts
rayons de lune aveugle Vibrance de l’air obèse Mensonge du son acromégale Et pulsation du sang des aphasiques Rythmiques des rythmes du monde Excès du temps de vierge incendiée Parapluies d’amour sous la chaleur de l’éclair des insensés rut de ma mémoire qui danse comme une seule chair de mon silence
mon pays (et mon peuple) à genoux en haleine s’éteint au comble des tortures visages demeurés vieux amis de l’impossible vitaminose de l’amour à injecter à tous les Che du Tiers-Monde desquamation de l’ombre en fumée dans le calme des cimetières pour demain au crible des contrats de morts ou vifs je me plie à la vie qui bascule mes échanges d’enfant du soleil
au centre de chaque homme qui nourrit les étoiles qui vomissent sur la ville des fragments de tristesse Les poèmes infidèles aux visions sans feu Les soleils qui se prolongent au soleil qui nous unit
maquereau étrange d’un étang à chanter Yeux des yeux qui brillent comme une étoile pleine de souvenirs Dorades qui nagent dans le silence de nos silences Battements de cœur de mérous de la mer qui éclatent à la ruée de nos songes Pierres à feu qui roulent fugaces à visiter l’aurore Coélancanthes qui grandissent immémoriaux dans les bacs Mon nouveau-né à aimer selon sa couleur plus qu’un martin-pêcheur
danses de pureté pour l’indienne Terre au creux de la flamme Néons des illusions aux déchirures de l’amour des femmes au-dessous des pylônes Phallus dans le ciel qui joue avec le vent
je dis Vous par trahison de nos brisures sous le soleil
sueurs aux tempes qui se tissent de naïves espérances Arcs tendus en douceur à dix mille mètres d’altitude Douleurs au ventre prisonnières de l’abdomen du désir je m’efface sans espoir dans la vibrance des douleurs et des larmes à dissoudre je me noie à l’horizon de vos songes éternels
dipsomanie de l’amour pour l’amitié des enfants endormis Vagabonds venus de la fougue dans l’opaque des conquêtes Chiens errants de suicidés autour de mes bras larges de tendresse Grand craquement du tonnerre en chanson d’allégresse Exaltation des frontières à la foulée des hêtres chargés de siècles à chaque goutte d’eau à chaque goutte d’homme
diplopie de la parole à prendre le risque mathématisé diphtérie de la vie entre les doigts et les prétextes de la main entre quatre murs de l’inconscient fossilisé
j’ai pris congé de toi Miguel – les fleurs en sont témoins – un certain soir d’automne Nos corps d’eau de cristal d’arc buvaient l’immensité des vers d’une minuscule vie Mais puisque tu veux compter sans un verre les instants criblés de tonnerre Puisque tu veux rester solidaire et te mêler à la lutte
je rends à ta noirceur les mille et une lunes empilées j’anime au coin des rues ton ombre comme un enfant alors tendons aux affamés les glands de l’amitié
hémiréduction de ces trophées de verveine que partagent tes larmes où l’oiseau fait halte entre Lucifer et le Ciel je te vois Miguel - les ombres sous l’aisselle - qui chante et ordonne Et ces biopsies de l’épiderme de ceux qui entrent dans l’immortalité ces DCA ces baïonnettes au canon ce pont sur cette rivière morte (pourront-ils enfanter des soleils trop près des mousses et pissenlits de l’Histoire)
NOUS SOMMES FAMILIERS Sainte-Thérèse (Québec),
Je suis pour une poésie d’homme qui brille aux flancs des cieux, forte comme une citadelle, souveraine comme tout peuple, costaud comme la vie, née du vécu et du sentir… faite de tension et de tendresse. Je suis pour une poésie gesticulant dans la réalité, qui vise les meilleurs lendemains. Je suis pour une parole-libération libératrice d’hommes. Parole humaine tendue aux carrefours de l’UNIVERSEL.
Forteresse d’images sur le soc même de la douleur. Paroles à douceur et de désespérance. Paroles vivantes. Paroles d’ombre et de sang. Parole-Intensité.
Poésie anti-suicide. Poésie du vécu dans les couloirs du Dernier Monde. Langage de cratère. Langage qui bouscule. Langage séduisant. Je tends vers une Poésie Solidaire en souvenir de demain. Parole-Liberté. Parole-Survie face à la violence d’une vie macabre. Parole-Totale chargée comme un fusil. Je tends vers une Poésie vertigineuse à hauteur et aux dimensions de l’Être. Comme un Mégalithe sous le soleil… Je suis pour une Poésie d’Homme-éclaireur de l’obscur, nécessaire à la vie et facile à conquérir. L’auteur |